Home La décolonisation des interventions liées à la santé mentale dans le système humanitaire

La santé mentale est une préoccupation grandissante à l’échelle globale. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’accès à des traitements et des soins de qualité, l’écart de services proposés entre les pays du Nord et les pays du Sud est considérable. Afin de tenter de réduire cet écart et d’apporter de meilleurs services de Santé Mentale et de Soutien Psychosocial (SMSPS), le Grand Bargain des Nations Unies a élaboré une nouvelle approche mettant la priorité sur la localisation, à savoir l’adaptation des services au contexte local. Cet article analyse les effets de cette nouvelle approche comme moyen de décoloniser les pratiques liées à la santé mentale.

Environ 42% des individus faisant face à une maladie mentale ne reçoivent pas de traitement approprié dans les pays du Nord. Dans les pays du Sud, ce chiffre double.

Une évaluation des résultats a été menée afin de mesurer les financements reçus par les organismes nationaux et locaux en charge des soins dans les services de SMSPS dans les pays en voie de développement. Ces données ont été récoltées à partir du Système de surveillance financière (Financial Tracking Service – FTS) des Nations Unies et se concentrent sur les contributions financières touchant six secteurs : la santé ; l’eau, l’assainissement et l’hygiène (Water, Sanitation and Hygiene – WASH); les violences liées au genre; la nutrition ; la protection et finalement le logement. Les résultats montrent que seuls 3% des dons internationaux liés à la SMSPS entre 2017 et 2021 ont été versés aux agences locales et nationales.

La plupart des financements liés à la SMSPS touchant directement les organismes locaux sont assurés par les Fonds de financement commun pour les pays (Country-based Pooled Funds – CBPF). Les principaux bénéficiaires de ces financements sont les pays du Moyen-Orient et ces fonds sont majoritairement dirigés vers les secteurs de la santé, de WASH et de la protection. L’étude a montré une quantité restreinte de services liés à la SMSPS dans les pays économiquement moins développés et une faible attention portée au renforcement des capacités locales à travers l’aide humanitaire. En se basant sur cette étude, nous recommandons aux acteurs du secteur humanitaire de plaider en faveur d’une approche plus localisée, afin de donner davantage de pouvoir aux acteurs locaux dans les pratiques de la SMSPS.

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