Depuis plus de 150 ans, l’aide de la communauté internationale aux personnes touchées par divers crises à caractère humanitaire a été guidée par quatre principes clairs et concis :l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance. Ceux-ci n’ont pas uniquement guidé les réponses de la communauté internationale face aux catastrophes d’origine naturelle ou humaine, ils ont aussi façonné de manière plus générale le système humanitaire. La genèse de ces quatre principes humanitaires se trouve dans la description de la sanglante bataille de Solférino faite par Henry Dunant en 1859. Ce témoignage a mené à la création de la Croix-Rouge et à la première Convention de Genève, qui ensemble ont donné naissance aux principes humanitaires.
Ces derniers ont été conçus pour diriger les travaux du Comité international de la Croix-Rouge, mais ils ont depuis remporté l’adhésion presque universelle du secteur humanitaire et ont été utilisés par ceux qui répondent aux crises humanitaires pour justifier l’action autant que l’inaction. Bien qu’ils aient été importants et nécessaires à l’époque de leur création, l’évolution du secteur humanitaire, ainsi que la complexité et l’intensité croissantes des crises humanitaires, exigent que l’on réexamine leur pertinence et leur utilité. Cet article soutient que ces quatre principes ne sont désormais plus adaptés à leurs rôles pour guider et façonner les actions humanitaires de la communauté internationale. Nous proposons à leur place quatre nouveaux principes qui dirigeraient plus efficacement l’action humanitaire dans le contexte actuel : l’équité, la solidarité, la compassion et la diversité. Nous abordons la complexité accrue des urgences humanitaires modernes et le déclin subséquent de la pertinence de chacun de ces quatre principes, avant d’étudier les quatre nouveaux principes proposés.